JESI, Furio
Spartakus. Symbolique de la révolte
« On peut aimer une ville, on peut reconnaître les maisons, les rues dans sa plus lointaine et sa plus tendre mémoire ; mais c’est seulement à l’heure de la révolte qu’on appréhende vraiment la ville comme sa ville : elle est en même temps sa propre ville et celle des « autres » ; parce qu’elle est champ de bataille choisi par soi et par la collectivité ; parce qu’elle est un espace circonscrit dans lequel le temps historique est suspendu et dans lequel chaque acte vaut pour lui-même, dans ses conséquences absolument immédiates. On s’approprie davantage une ville en la fuyant ou en s’y exposant qu’en jouant, enfant, dans ses rues ou qu’en s’y promenant plus tard avec une fille. À l’heure de la révolte on n’est plus seul dans la ville. » (Furio Jesi)
Dans ce texte important inspiré par Walter Benjamin et par le jeune Georg Lukács, Furio Jesi pose la question du temps et du mythe durant les moments de soulèvement. A travers l’histoire de l’insurrection Spartakiste berlinoise, Jesi étudie minutieusement la différence entre révolte et révolution. La révolte est une suspension du temps historique, tandis que la révolution est l’inscription d’une stratégie consciente en son sein. Avec cette simple distinction et croisant l’histoire, l’analyse littéraire et la philosophie, cet opus retrouvé après la mort de Furio Jesi dans un état préparatoire, nous fait penser les faiblesses des mouvements contemporains, tout en gardant l’œil braqué sur « le chapitre des bifurcations » passées et à venir, plus que jamais ouvert à l’inconnu. [note de l'éditeur]
Published by Editions La Tempête, 2016
Essays / Philosophy / Politics