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BROQUA, Vincent
Gaiamen

« Gaiamen » signifie « gaiement » en occitan, on y entend aussi gaia, la terre, et peut-être men : dans ce livre, des êtres queer inventent des modalités autres de faire tenir leur corps ensemble, pour notre époque, car nous en avons besoin. Comme le dit le texte « Guérissez toustes, unissez-vous » puisque désormais nous sommes « toustes dans le même bain ».

Tour à tour insolent, explicite et crypté, Gaiamen est une déclaration d’amitié par l'élaboration d’« outils de touche » : adresse directe aux lecteurices, préparation parlée à la traduction, chants amoureux-sexe, prose narrative politique, « traductions louches ». Oui, dans Gaiamen la traduction est un acte sensuel, ainsi on relit et traduit des poètes et penseurs chinois (Li Ju Bao), étatsuniens (Gertrude Stein, John Wieners, David Melnick, John Chalslie…) et d’autres encore (Simone Weil, Sarah Ahmed, Liliane Giraudon, Béatrice de Die…), auteurs vrais ou inventés.

Gaiamen emprunte à l’auto-théorie (Chris Krauss, Maggie Nelson, Hélène Giannecchini…) mais une auto-théorie poétique pour refonder une politique de la gaieté. Les poèmes s’écrivent au contact de l’œuvre de David Melnick, poète gay de San Francisco. Au début de l'épidémie de Sida, il avait traduit l’Iliade homophoniquement en transférant l’action des trois premiers chants homériques dans les saunas gay de sa ville. Son Iliade, qu’il intitule Men in Aida et que Gaiamen appelle « homophonikée », convertit des guerriers en héros de la tendresse et de la sexualité queer dans gangbang de langue : adieu la guerre des rois et des dieux, bonjour la gaieté combative, bonjour la syntaxe d’une démocratie autonome, bonjour les corps polyamoureux.

En détournant donc la traduction par la « traduction louche », Gaiamen vandalise ou gangsterise et truande les classiques et les contemporains. Il forme le vœu d'une éthique gaie pour toustes. [note de la maizon d’éditio]

Published by Al Dante, 2025
Poetry

Price: 17€

BROQUA, Vincent - Gaiamen