Aux États-Unis, à la fin des années 1970, des artistes comme Dara Birnbaum, Jack Goldstein, Barbara Kruger, Louise Lawler, Sherrie Levine, Robert Longo, Richard Prince ou Cindy
Sherman se mettent à reproduire des images de la publicité et du cinéma. On les nomme Pictures Generation, en référence à l’exposition Pictures et à l’essai éponyme de Douglas
Crimp. Le critique affirme alors que la démarche de ces artistes, basée sur la copie, met fin à la course à l’originalité qui guidait l’art jusqu’alors. La Pictures Generation est ainsi érigée en
alternative à l’expressivité bien qu’elle copie des images faites pour affecter, fasciner ou susciter le désir.
À cette période, les images des médias de masse passionnent la société : la publicité est critiquée pour sa tendance à la manipulation psychologique ; les théories féministes
décortiquent les représentations des femmes dans le cinéma hollywoodien ; la contre-culture détourne les normes et les stéréotypes. Entre questions réflexives sur la pratique de l’art et
préoccupations sociales de l’époque, la Pictures Generation s’invente une attitude pour manipuler les passions.
François Aubart est docteur en esthétique, commissaire d’exposition indépendant, critique d’art et éditeur. Il enseigne actuellement l’histoire et la théorie de l’art à l’École nationale
supérieure d'arts de Paris-Cergy. Il est cofondateur de la maison d’édition Même pas l’hiver.
publié par Les Presses du Réel.