MARX, Laurène
Je vis dans une maison qui n'existe pas
Je sais pas à quel moment j’ai cessé d’être assez tu sais… Je sais juste que ce n’est pas moi qui ai vécu toutes les choses du passé, je n’étais pas tout le temps tout le temps là, je suis partie des années pour tout te dire… Je suis revenue j’étais une femme, j’ai vécu dans une robe comme on vit sur un nuage je n’en pouvais plus d’être un fou, je voulais être folle.
J’ai capté très tôt que je serais pas suffisante… J’ai appelé à l’aide mais personne de l’extérieur n’est venu parce que personne ne vient jamais pour les enfants, les enfants sont la propriété de leurs parents et la propriété des autres on n’y touche pas. J’ai appelé à l’aide et comme personne ne venait d’ailleurs tout est venu de moi.
Je vis dans une maison qui n'existe pas est un écho de la dissociation, un texte à trous comme peuvent l'être nos états mentaux. Qui décide de la folie des marginaux·ales ? Des monstres ? Dans une pièce peuplée de figures symboliques, Laurène Marx décrit ce que cela fait d'appartenir à d'autres avant de s'appartenir. C'est aussi l'histoire d'une enfance violentée sur laquelle il manque les mots. Dans ce monologue, l'autrice porte la terreur et la solitude autant que l'élan de vivre et de se créer un espace où l'altérité est possible. Ce texte dit enfin la lutte contre l'enfermement dans une maladie, dans un genre ou dans un lieu, remplacé par une échappée qui contrecarre les dynamiques d'oppression et d'assignation.
[note de la maison d'édition]
Published by blast, 2024
Literature