soyer, sabrina (ed.)
HOW TO become a motherfuckinelegist #3
HOW TO BECOME A MOTHERFUCKINELEGIST = En septembre dernier, nous avions commencé à traduire collectivement un essai de Kathy Acker : “The city”. C'est un texte extrait de son recueil Bodies of work ; la narratrice (une bodybuildeuse) y alterne prose lyrique au sujet d'une histoire d'amour non-réciproque, et vers élégiaques consistant en une traduction expérimentale de poèmes de Catulle. Parallèlement à notre traduction d'Acker, est née l'envie de mener une recherche autour du genre élégiaque en littérature. « Chant de mort », en grec. C'est un genre d'écriture où "on" pleure et chante en même temps, un être défunt, ou le fantôme de l'être aimé sans retour. Nous notons que la complainte doit s'effectuer en alternant hexamètres et pentamètres en distiques. Cute. Nina se rapproche et demande : c'est qui "on"? qui pleure, gémis, à le droit de geindre ? Fortes du constat que la plupart des élégies "retenues" sont écrites par des hommes cherchant à conjurer la perte de leurs pairs (hommes) – oui, les hommes préfèrent les hommes disait une bougresse – nous avons tracé les formes d'usages et d'abus de cette littérature on ne peut plus sérieuse, par des femmes. Au travers de nos lectures nous avons commencer à tisser des liens entre complainte élégiaque et politique de la mémoire. En quoi l'élégie est un leg (patriarcal) qui participe d'une certaine conception du deuil dans une société au nom du père ? À l'intérieur de ce prochain numéro, nous explorerons les voix présentes et fantomatiques qui nous aident à penser l'élégie comme performance du genre, comme usage féministe radical de la littérature dominante.
[note de l'éditeur]
Published by DQ Press, 2020
Periodicals / Queer Culture / Literature